Ne représentant actuellement que 6 % de la population française, le nombre de personnes âgées de plus de 80 ans devrait largement augmenter dans les prochaines années. Les projections démographiques estiment que ce chiffre passera à 7,6 % en 2030, pour atteindre 11 % en 2050. Cette même année, un tiers de la population devrait être âgée de plus de 60 ans. Véritable enjeu pour les décennies à venir, le vieillissement de la population était tout naturellement le point de départ des travaux du congrès de la FNADEPA, qui s’est tenu à Rennes les 9 et 10 juin derniers.
« La fragilité augmente fortement avec l'âge et, contrairement à la déficience cognitive, aucune amélioration au cours du temps n'a encore été documentée », a indiqué Jean-Marie Roubine, démographe et épidémiologiste, par ailleurs enseignant-chercheur à l'École pratique des hautes études. Au cours des prochaines années, les personnes âgées fragiles ou en perte d'autonomie devraient donc « être plus âgées, plus souvent en couple, plus souvent avec des aidants familiaux eux-mêmes âgés ». « Demain, cela devrait nous amener à considérer, dans nos plans d'aide, non uniquement la personne âgée en perte d'autonomie, mais sa cellule familiale au complet », a-t-il poursuivi.
« La fragilité augmente fortement avec l'âge et, contrairement à la déficience cognitive, aucune amélioration au cours du temps n'a encore été documentée », a indiqué Jean-Marie Roubine, démographe et épidémiologiste, par ailleurs enseignant-chercheur à l'École pratique des hautes études. Au cours des prochaines années, les personnes âgées fragiles ou en perte d'autonomie devraient donc « être plus âgées, plus souvent en couple, plus souvent avec des aidants familiaux eux-mêmes âgés ». « Demain, cela devrait nous amener à considérer, dans nos plans d'aide, non uniquement la personne âgée en perte d'autonomie, mais sa cellule familiale au complet », a-t-il poursuivi.
Une adaptation nécessaire
C’est donc la société entière qui devrait s’adapter à ces changements, en prenant en considération toutes les composantes de la population cible. Or celle-ci ne bénéficie pas toujours des mêmes opportunités, comme l’a rappelé Catherine Déchamp-Le Roux, professeure de sociologie de la santé et des politiques de prévention : « l'espérance de vie sans incapacité est limitée et dépend du milieu social, […] les plus favorisés étant davantage en capacité de modifier leur environnement et donc d'intégrer plus rapidement les moyens de prévention ». Appelant à la mise en place d’actions collectives, la sociologue constate qu’actuellement, il existe un décalage d’une vingtaine d’années dans l’application des mesures de prévention entre les catégories socioprofessionnelles les plus basses et les plus élevées. Nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement.
Le grand âge en tant que tel peut lui-même être source de discriminations. Ce phénomène, dénommé âgisme, se caractérise le plus souvent par une invisibilisation des personnes âgées ou une aide trop marquée à leur encontre. « Aider oui, mais à la hauteur objective et stricte de ce qui est nécessaire, ni plus, ni moins… », a d’ailleurs insisté Stéphane Adam, professeur de psychologie du vieillissement à l’Université de Liège. Favorisant la préservation de l’autonomie, cette assistance « non invasive » rejoint la demande grandissante des personnes âgées en matière d’individualisme. Ces dynamiques nouvelles ne sont pas sans impact sur les structures d’hébergement, comme l’a souligné Luc Broussy, co-fondateur du think tank Matières grises : « l’EHPAD doit s’adapter, se réaménager ».
Le grand âge en tant que tel peut lui-même être source de discriminations. Ce phénomène, dénommé âgisme, se caractérise le plus souvent par une invisibilisation des personnes âgées ou une aide trop marquée à leur encontre. « Aider oui, mais à la hauteur objective et stricte de ce qui est nécessaire, ni plus, ni moins… », a d’ailleurs insisté Stéphane Adam, professeur de psychologie du vieillissement à l’Université de Liège. Favorisant la préservation de l’autonomie, cette assistance « non invasive » rejoint la demande grandissante des personnes âgées en matière d’individualisme. Ces dynamiques nouvelles ne sont pas sans impact sur les structures d’hébergement, comme l’a souligné Luc Broussy, co-fondateur du think tank Matières grises : « l’EHPAD doit s’adapter, se réaménager ».
Répondre aux enjeux du XXIème siècle
Augmenter la surface des chambres quitte à réduire les espaces communs, construire des unités plus petites, développer les alternatives à l’EHPAD, sont autant de possibilités déjà à l’essai dans certains territoires. « Sans remettre en cause le modèle de l’EHPAD, les établissements de 80 lits sont un choix politique qu’il paraît difficile de maintenir sur le long terme », a noté le Pr Dominique Somme, chef du pôle gériatrique du CHU de Rennes, en insistant sur la nécessité d’ « investir de façon choisie dans le domicile » tout en développant des unités d’hébergement d’une douzaine de personnes au maximum.
Ce modèle repensé pose certes des problématiques nouvelles, notamment en matière de financement, auxquelles les réponses doivent encore être trouvées. Mais il semble difficile de faire l’impasse sur les nouvelles demandes sociétales, qui devront elles-mêmes intégrer d’autres enjeux déjà prégnants à notre époque et s’accélèreront, comme l’écologie, le développement durable et l’essor du numérique. « Le vieillissement est à l’avant-garde du développement de l'intelligence artificielle », a ici indiqué David Gruson, fondateur de l’initiative citoyenne et académique Ethik-IA. « L'intelligence artificielle aura un rôle majeur à jouer dans la prise en charge des personnes âgées, et notamment celles maintenues à domicile, en permettant le recours à des robots de stimulation neurocognitive et des objets connectés intelligents, tout en favorisant des travaux plus fondamentaux sur la compréhension des mécanismes de neuro-dégénérescence », a prédit cet ancien directeur d’hôpital. Nul doute que ces technologies, qui viennent déjà en appui aux professionnels du secteur, s’affirmeront à l’avenir comme des outils indispensables pour répondre aux problématiques démographiques, sociales et environnementales dont nous entrevoyons dès à présent les prémices.
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
Ce modèle repensé pose certes des problématiques nouvelles, notamment en matière de financement, auxquelles les réponses doivent encore être trouvées. Mais il semble difficile de faire l’impasse sur les nouvelles demandes sociétales, qui devront elles-mêmes intégrer d’autres enjeux déjà prégnants à notre époque et s’accélèreront, comme l’écologie, le développement durable et l’essor du numérique. « Le vieillissement est à l’avant-garde du développement de l'intelligence artificielle », a ici indiqué David Gruson, fondateur de l’initiative citoyenne et académique Ethik-IA. « L'intelligence artificielle aura un rôle majeur à jouer dans la prise en charge des personnes âgées, et notamment celles maintenues à domicile, en permettant le recours à des robots de stimulation neurocognitive et des objets connectés intelligents, tout en favorisant des travaux plus fondamentaux sur la compréhension des mécanismes de neuro-dégénérescence », a prédit cet ancien directeur d’hôpital. Nul doute que ces technologies, qui viennent déjà en appui aux professionnels du secteur, s’affirmeront à l’avenir comme des outils indispensables pour répondre aux problématiques démographiques, sociales et environnementales dont nous entrevoyons dès à présent les prémices.
Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
Vieillir en Europe
À l’échelle européenne, les projections démographiques sont semblables à celles de la France. En 2070, 30 % de la population européenne devrait dépasser les 65 ans et 13 % sera âgé de plus de 80 ans. Le vieillissement est donc un enjeu partagé par tout le continent, lui-même déjà considéré comme l’un des plus âgés. Afin de « stimuler la discussion » sur le sujet, la Commission européenne a publié en janvier 2021 un livre vert, qui prône une approche fondée sur le cycle de vie et inscrite dans la promotion de modes de vie sains, « pendant les années de formation pour un vieillissement actif et en bonne santé, […] pendant l'âge du travail pour renforcer la productivité, l'innovation et les opportunités commerciales, […] à la retraite de manière à favoriser le volontariat et les relations intergénérationnelles, […] et plus tard, lorsque les besoins de santé et de soins de longue durée croîtront, pour maintenir la mobilité et le bien-être », a expliqué Petra Goran, chargée de mission au sein de la Commission, lors du congrès de la FNADEPA.
è Pour consulter le livre blanc : https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/1_fr_act_part1_v2.pdf
À l’échelle européenne, les projections démographiques sont semblables à celles de la France. En 2070, 30 % de la population européenne devrait dépasser les 65 ans et 13 % sera âgé de plus de 80 ans. Le vieillissement est donc un enjeu partagé par tout le continent, lui-même déjà considéré comme l’un des plus âgés. Afin de « stimuler la discussion » sur le sujet, la Commission européenne a publié en janvier 2021 un livre vert, qui prône une approche fondée sur le cycle de vie et inscrite dans la promotion de modes de vie sains, « pendant les années de formation pour un vieillissement actif et en bonne santé, […] pendant l'âge du travail pour renforcer la productivité, l'innovation et les opportunités commerciales, […] à la retraite de manière à favoriser le volontariat et les relations intergénérationnelles, […] et plus tard, lorsque les besoins de santé et de soins de longue durée croîtront, pour maintenir la mobilité et le bien-être », a expliqué Petra Goran, chargée de mission au sein de la Commission, lors du congrès de la FNADEPA.
è Pour consulter le livre blanc : https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/1_fr_act_part1_v2.pdf